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Quelques éléments explicatifs de cette MGF :

La pratique de l’excision existe depuis 26 siècles ; elle est en recul mais demeure et repose sur différents éléments variant selon les régions et les ethnies :

Les mythes : Dans certaines ethnies, on pense que le clitoris menace le pénis et pourrait provoquer l’impuissance (Burkina Faso, Mali) ou menace l’enfant à naître (Nigeria).

Le rite de passage de l’enfance à l’âge adulte : L’excision est plus souvent individuelle, mais dans certaines régions, le rite de passage persiste et l’excision y est toujours collective comme en Guinée-Conakry.

L’hygiène

Les religions : Toutes les religions sont concernées par les MSF ; des chrétiens, des musulmans, des juifs falashas, des animistes pratiquent l’excision. Cependant, il n’existe aucune trace de cette pratique dans les textes religieux, notamment dans les religions dites du «Livre». Parfois une fatwa est édictée pour dire que l'excision est interdite (Mauritanie, Egypte), parfois c'est l'inverse (Indonésie, Thaïlande).

Mécanismes d’exécution communautaire : Dans certaines ethnies, on refuse d'épouser ou de s’adresser à une femme non excisée. Au Sénégal, les wolofs ne pratiquent pas l’excision mais si une femme wolof vit dans une région où cela se pratique beaucoup, elle se fera exciser afin d’éviter l’ostracisme. « Quand vous êtes dans un environnement où l’excision est la norme, c’est très dur d’être marginal-e. »

 Le châtiment divin : Au sein de sociétés secrètes comme au Sierra Leone, les femmes plus âgées initient les jeunes femmes par différents rites dont l’excision peut faire partie. Une femme refusant d’entrer dans ces sociétés, peut être menacée, voire tuée.

Le maintien de l’honneur familial : L'excision permettrait le maintien de la virginité et de la chasteté, garantissant ainsi l’honneur de la famille.

Le contrôle de la sexualité féminine

Pour apprécier la situation dans laquelle se trouve une femme menacée d’excision, il faut avoir une analyse assez fine. La nationalité n'est jamais un indicateur, l'ethnie ne suffit pas. Il faut réfléchir en termes de zone géographique.

En effet, au niveau de la nationalité, les écarts de prévalence de MSF sont considérables au sein des pays.

Par exemple, au Sénégal, au niveau national le taux de prévalence est de 26% mais, dans certaines régions, la prévalence dépasse les 80 – 90%. Les filles et femmes wolofs et peules sont exposées différemment aux MSF, en fonction de leur région.

Il faut également réaliser que des taux de prévalence similaires apparaissent au-delà des frontières nationales : il peut exister des liens entre des ethnies dont les noms diffèrent au-delà des frontières.

Aujourd’hui cependant, les études démographiques et de santé ne permettent pas de descendre au niveau des villages, mais au niveau régional (et éventuellement au niveau des zones urbaines). « Il faut rester très prudents quand on confirme ou infirme le récit d’une demandeuse d’asile, car il y a beaucoup de critères qui entrent en ligne de compte ».

La pratique de l'excision peut également reposer sur des données sociologiques :

Âge : On dit souvent que l’excision est pratiquée dans l’enfance, ce qui est vrai dans une grande majorité des cas. Mais si on considère qu’il s’agit seulement d’un rite pratiqué avant les 5 ans, on risque de penser que le risque est faible pour des personnes plus âgées et de mal apprécier la situation d’une demanderesse alors que dans certaines ethnies, l’excision tardive persiste, notamment avant le mariage. Par exemple, en Côte d’Ivoire, 8% des femmes sont excisées à 15 ans et plus.

Religion : Il ne faut pas croire que seules les musulmanes sont concernées par les MSF ; cette pratique transcende les religions. En Guinée-Conakry, par exemple, l’excision est pratiquée chez les chrétiens, les musulmans et les animistes.

Niveau d’éducation : A partir du moment où elles ont atteint le niveau collège, on considère que les femmes sont en mesure de prendre position et de lutter contre la pratique. Toutefois ce n’est pas parce que les fillettes sont envoyées à l’école ou que les femmes ont reçu une éducation qu’elles ne risquent pas d’être victimes de MSF. En Égypte, au Mali, en Guinée Conakry, la prévalence est très forte malgré les études primaires et secondaires.

Automaticité : Une femme qui a subi une excision ne fera pas forcément subir la même chose à sa fille.

Pratique rurale :La pratique se retrouve davantage en zone rurale qu’en zone urbaine, mais ce n’est pas le cas partout. Par exemple, la prévalence est plus élevée dans les villes que dans les campagnes au Nigeria et au Yémen.

Désintérêt des hommes : Les hommes ont un rôle à jouer dans le maintien ou l'abandon de la pratique ; ils y sont de plus en plus opposés. Des hommes peuvent aussi être concernés et vouloir protéger leurs filles et donc encourir des risques.

Aspect générationnel : Les jeunes ne sont pas forcément plus opposés à la pratique que les anciens. La diversité des éléments épidémiologiques, anthropologiques et sociologiques.

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