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Les conséquences des MGF/E pour la santé et le bien- être des jeunes filles et des femmes

A la clitoridectomie, l’excision et les infibulations, au moment même de l’excision ou immédiatement suite à l’excision, l’on associe des infections, de la rétention urinaire, de fortes douleurs, des chocs, des saignements et hémorragies et parfois même la mort.

Les saignements et hémorragies sont causés par exemple quand on ampute le clitoris, ce qui implique une coupure à travers l’artère clitoral, caractérisé par un flux intense et une forte pression. Si l’hémorragie est intense et ne peut être contrôlée, elle peut mener à la mort. Les jeunes filles peuvent tout aussi bien souffrir de choc suite à la perte soudaine et intense de sang et/ou à la douleur atroce suite à la coupure/l’excision. La rétention d’urine se produit suite à la douleur et la sensation de brûlure de l’urine sur la coupure à vif, suivant les blessures causées à l’urètre et les tissus qui l’entourent et dans le cas des infibulations, suite à l’obturation presque complète de l’orifice vaginal.

Les infections telles les infections de l’appareil urinaire, se produisent suite à la rétention de l’urine, ou à l’utilisation de matériel non-stérilisé ainsi que l’application de pansements locaux comprenant les fèces d’animaux et des cendres. Les organismes infectieux peuvent facilement remonter par le petit urètre jusqu’à la vessie et jusqu’aux reins. La mort a lieu suite au choc hémorragique ou septique, le tétanos et le manque de soins médicaux sur place ou est causée par le retard de l’arrivée des services d’assistance.

Les complications à long terme comprennent des douleurs chroniques et des infections telles que des infections chroniques du bassin/pelvis ou des infections urinaires qui peuvent monter jusqu’aux reins. L’excision de tissus génitaux en bonne santé peut influencer la sensibilité sexuelle et la qualité des rapports sexuels des hommes et des femmes. Surtout la douleur, le tissu cicatriciel et les souvenirs traumatisants de l’excision peuvent engendrer des problèmes sexuels, y compris des rapports sexuels douloureux. Les conséquences psychologiques telles que le syndrome de stress post-traumatique, l’anxiété, la dépression et les pertes de mémoire ont été présentés de façon détaillée .

Une étude menée dans plusieurs pays par l’OMS sur des femmes qui ont fréquenté des centres obstétriques en 6 pays Africains, a montré que les accouchements des femmes ayant subi la MGF/E se présentent de façon considérablement plus compliqués, avec des césariennes, des saignements postpartum et des ruptures périnéales. Cette étude nous a également montré les risques accrus de réanimation du bébé et la mort périnatale dans les nouveau-nés de femmes qui ont été victimes d’excisions. La formation de fistules, suite à un accouchement difficile, peut également être une conséquence des MGF/E . 

Les répercussions sont toutes aussi importantes en particulier quand elles sont vécues par des individus très jeunes (conséquences psycho-traumatiques)

Même une femme excisée lorsqu’elle était bébé/ enfant peut avoir une mémoire traumatique.

En effet, le fait de comprendre ce qui se passe au moment de la violence permet de contrôler le stress. Mais, pour les très jeunes enfants qui vivent un traumatisme, il y a une impossibilité de comprendre et donc de contrôler le stress ressenti. Le cerveau de l’enfant peut alors déclencher un mécanisme de sauvegarde exceptionnel pour éteindre de force la réaction émotionnelle afin que la victime cesse de ressentir la douleur.

Cette première étape est appelée sidération, c’est un blocage lors de la violence. Puis intervient la deuxième étape, la dissociation traumatique qui permet de survivre mais dans un état second. La personne a l’impression d’être déconnectée, en dehors de son corps, spectateur de l’événement. Cette dissociation s’accompagne d’une rupture avec la partie du cerveau liée à la mémoire spatio-temporelle, ce qui rend difficile pour les victimes de décrire les événements.

Cette dissociation peut durer longtemps (des jours, des mois, voire des années) en fonction de la durée de la confrontation à la situation de violence. Le docteur explique que face à une personne « dissociée », on ne ressent pas sa douleur. La déconnexion avec la souffrance peut avoir des conséquences en matière de prise en charge, la victime risque de ne pas être soignée de manière adéquate.

Les femmes excisées qui voient leurs enfants risquant à leur tour d'être excisées réagissent de deux manières différentes :

 Elles sont dissociées, elles ne réagissent plus.

 Elles ne sont pas dissociées et revivent de nouveau un traumatisme (revécu face à la fillette) Lorsque la personne se trouve en sécurité, la dissociation va s’atténuer et c’est à ce moment-là qu’il y aura un risque d’allumage de la mémoire traumatique. Les personnes vont donc développer des stratégies d’évitement ou de contrôle. Elles peuvent aussi chercher à se mettre en danger et se faire souffrir pour éviter de revivre la première souffrance. 

Pour une personne ayant subi une excision, on constate des traces neurologiques des décennies après les faits (IRM fonctionnelle, amoindrissement de la zone corticale). 100% des enfants excisées développent des troubles traumatiques. 

La protection est un absolu total pour permettre une réparation : si les personnes sont toujours exposées à un risque, on ne peut pas les aider. Mais si elles sont protégées, on peut les libérer de leurs histoires et même obtenir un phénomène de neurogènese.

Source : Intervention du 13 avril 2015 - Excision et crédibilité de la demande d'asile - Université Panthéon Assas Paris II 

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